Pseudo : Nana
Email : KuroiMask@aol.com
Genre: yaoi
Source : j’ai un peu spoiler des paroles des mangas Angel Sanctuary, Gravitation et Nana dans le sens où elles exprimaient bien ce que je voulais faire passer sur le moment. Aussi, les poèmes ne sont pas de moi. Ce sont juste les traductions de chansons du groupe Dir en Grey.
Disclaimer : ils sont TOUS et j’ai bien dit TOUS à moi. Si vous voulez les empruntez pour une de vos fics ou les dessiner, envoyez-moi un Email. Merci d’avance.
Commentaires : c’est ma première fic alors s’il vous plaît, soyez indulgent. Et puis, n’hésitez pas à m’envoyer des Emails pour me faire part de vos impressions, j’en serais vraiment ravie (désolée de parler vieux mais ma nature change quand j’écris…^_^’) Je pense qu’on retrouvera souvent Yuki et Andréa dans mes prochaines fics parce-qu’ils me suivent dans ma quête du sommeil tous les soirs et je suis très inspirée par ce genre de garçons… Aussi, pardonnez la naïveté de certaines scènes, je touchais pas au yaoi il y a encore trois mois… c’est venu inconsciemment quand on m’a dit « eh mais… c’est du yaoi ce que tu fais !! » alors j’en suis arrivée là… sans le savoir…^_^

 


Le bout de la vallée de la Mort

Prologue

 

Les deux qui se sont tourné le dos n’ont nulle part où aller.
Ils ne peuvent même pas entendre le son de la lourde, imposante pluie.
Se tournant le dos à chacun, ils marchent vers un endroit où ils vont,
Leurs traces de pas disparaissant, l’une après l’autre.

Change-moi en souvenir et va vers le nouvel océan.
De mon cœur, je te souhaite du bonheur.
Il y a du bonheur derrière les larmes,
Mais tu n’es pas là derrière les larmes.

Nous ne serons pas séparés. Je ne veux pas que l’on soit séparés, mais…
Tes mots transpercent profondément mon cœur. Ne vois-tu pas ?
Nous ne serons pas séparés. Je ne veux pas que l’on soit séparés, mais…
Les vagues effacent tes traces de pas une nouvelle fois, une par une.

Avec le changement des saisons,
Il est trop tard, mais je veux te tenir la main encore une fois.
Dans le changement des saisons,
Se rencontrer un jour, se séparer un jour et te rencontrer.

 

Premier chapitre : la voie de la différence

 

Je ne peux m’ouvrir à personne. Je ne peux absolument pas croire en quelqu’un
Et je ne peux rien voir. La lumière qui brille est en train de disparaître, bientôt elle sera partie.
Incapable de m’ouvrir. C’est ma faiblesse, mon passé.
Je ne peux toujours pas avoir ce que je veux. Si oui, la tendresse que je possède va s’en aller.
La réponse typique est « quand vous mourrez, vous renaissez, revenez encore ».

Mon cœur est fermé, bientôt il se brisera.
Retenant mes larmes, je ries jour après jour.
Mon cœur m’a montré que croire n’est rien.
Ces hypocrites m’ont tué.

Mon cœur est fermé, bientôt il s’écroulera.
Retenant mes larmes, je cries jour après jour.
Mon cœur m’a quitté avec une croyance en la force.
Mon propre cœur m’a tué.

 


Lille, juin 2003 -18h49-

« Je suis rentré.
_Tu as cours jusqu’à 17h, maintenant ? Où t’étais ?
_Quelque part.
_Yukito, ta mère et moi, on sait que tu vas plus en cours, alors dans ce cas, où passes-tu tes journées ? »
L’adolescent monta les escaliers menant au premier étage sans répondre.
« Yukito ! Je te parle ! Reviens ici ! »
Ca ne servait à rien. Sa voix n’atteignait plus le jeune garçon de seize ans qu’il avait ramené du Japon à l’âge de trois ans. Depuis son entrée au collège, il s’était renfermé et refusait toute conversation de plus de trente secondes avec son entourage. Il s’était laissé pousser les cheveux, il s’habillait de manière excentrique, il fumait, il ne mangeait presque plus, il s’était percé les oreilles, il écoutait des musiques aux compositions et aux paroles torturés, il n’allait plus en cours et finalement, avait fait plusieurs tentatives de suicide. Yukito n’avait jamais été un enfant gai ou sociable. Il s’enfermait souvent dans un placard à dessiner et ne jouait que très rarement avec les enfants de son âge. Maintenant, il avait grandi et était devenu un adolescent totalement antipathique et taciturne.
Allongé dans son lit et ignorant les coups de poings donnés par son père sur sa porte, il ferma les yeux et pensa. Je veux qu’il se taise et qu’il me laisse tranquille. Je les déteste tous. Qu’allait-il faire de sa soirée ? Ou plutôt de sa nuit… Rejoindre les autres, jouer leurs morceaux, boire pour se donner le courage une nouvelle fois de se prostituer et gagner de l’argent facile… et aussi pour ne pas être seul dans son lit si froid. Puis il rentrerait vers les cinq heures du matin pour se lever à sept heures et faire semblant d’aller en cours. Ma vie à elle seule est une garce… Il se leva et alla allumer son poste. Il mit un cd de « Thiry seconds to Mars », celui intitulé « Provehito in altum » et alluma une cigarette. Il faisait toujours clair dehors quand il regarda par la fenêtre. Sa chambre lui semblait tellement froide. Ses murs étaient blancs et petit, il avait voulu tester ses nouveaux crayons de couleur dessus. Tout le mur était gribouillé de dessins infantiles. Sur son bureau jonchait un tas de feuilles, des poèmes qu’il avait écrit ses jours de vague à lame et des dessins récents. Et dans un coin de la pièce, un étui de guitare posée sur un ampli.
Yukito posa sa tête contre la vitre et une larme vint rouler sur sa joue blanche. Pourquoi je suis comme ça ? Pourquoi ? Tout ce que je veux c’est… Il essuya sa joue et caressa ses longs cheveux noirs qui lui arrivaient un peu plus bas que les omoplates. J’aurais voulu être moche…j’aurais voulu ne pas naître…j’aurais voulu ne pas souffrir comme en ce moment…Si seulement je pouvais être insensible et rester bien au chaud dans mon cocon…mais non. Ca ne marche pas comme ça. Je ne suis qu’un idiot sentimental. Enfin…c’est mieux que les gens croient que je suis désagréable et réservé…au moins, je n’ais pas à m’attacher à qui que ce soit, et les autres me le rendent bien. Il fut ôté de ses pensées quand il entendit un grattement à la porte. Il posa sa cigarette sur le cendrier rempli de mégots et ouvrit. C’était son chat, Félix, le seul être au monde à qui il aimait déposer des baisers et des caresses. Il le prit dans ses bras et le serra contre lui.
« Alors ça va, mon amour ? T’es toujours aussi beau, mon ange… »
Il s’allongea dans son lit muni de son précieux fardeau et le caressa doucement. Il finit par s’endormir en regardant le plafond.

Lille, jeudi 4 septembre 2003 -08h25-

« Alors, beau gosse, prêt pour la rentrée ? »
La cour du lycée grouillait de monde. Tout le monde se retrouvait pour une nouvelle année scolaire ensemble. Yuki également. Sans savoir par quel miracle, il avait réussi à passer en première arts appliqués.
Il était contre un mur avec son petit groupe d’amis : David, celui qu’il considérait comme son confident depuis son arrivée dans ce lycée, Jonathan, le bout en train toujours à faire les quatre cents coups, et Amandina, une fille aussi réservée que lui et accessoirement une amie d’enfance. Dans ce petit lycée de ville, ils étaient le groupe qui attirait le plus l’attention de par leur excentricité, étant donné que la plupart des élèves étaient loin d’écouter du rock ou du métal, préférant se limiter au rap et à la variété française.
Les quatre jeunes fumaient leurs cigarettes sans se soucier des autres élèves jusqu’à la sonnerie retentisse et qu’ils doivent rentrer dans leurs classes respectives. Jonathan, qui redoublait, se dirigea vers la seconde 2. Il s’installa à une place au fond et attendit, les yeux rivés sur sa montre. Ce n’était pas un féru des cours ni du cadre scolaire en général. C’était un garçon d’un naturel enjoué qui malgré tout, cachait une profonde blessure en lui. Il détestait par-dessus tout son physique et avait une sainte horreur qu’on lui parle de ses cheveux teints en blond et de son visage. Personne ne savait vraiment pourquoi, à part David. Il soupira bruyamment en enfouissant sa tête dans ses bras. Quelques minutes plus tard, une petite voix douce teintée d’un léger accent slave retentit.
« Excuse-moi, est-ce que cette place est libre ? »
Jonathan leva la tête et aperçu la personne à la voix si mélodieuse qui s’adressait à lui. Son interlocuteur possédait de grands yeux d’un brun profond et tendre et de belles boucles cuivrées qui lui arrivaient jusqu’aux épaules. Sa peau était aussi blanche que la crème sur le lait matinal et ses lèvres impossibles à distinguer des pétales de rose. La jeune personne attendit, un peu gêné de n’obtenir aucune réponse et reformula sa question.
« Euh… est-ce que je peux m’asseoir ? Cette place est déjà prise peut-être…
_Non.
_Oh, je peux m’installer ici alors ?
_Oui, bien sûr. »
Il lui sourit chaleureusement et l’invita d’un geste de la main à s’asseoir près de lui. Le petit rouquin lui rendit son sourire ce qui le déstabilisa un instant. On dirait une fille… Il l’observait s’installer quand le jeune garçon se tourna soudainement vers lui.
« Comment tu t’appelles ?
_Jonathan. Et toi ?
_Andréa… Andréa Volkova.
_C’est de quelle origine ?
_Je suis russe. Je viens de m’installer en France pour bénéficier de meilleurs études.
_Je me disais aussi que tu avais un accent…
_Ciel ! Quelle horreur, ce doit être celui de Moscou… j’ai honte. »
Jonathan se tut un instant avant d’éclater de rire.
« Comment tu parles, toi ! Pas besoin d’être aussi coincé avec moi…
_Je suis désolé, je ne sais pas vraiment comment je dois me comporter. Je ne suis arrivé qu’en août ici et je ne connais pas vraiment les mœurs. J’avais même un peu peur de ne pas savoir m’accoutumer. J’espère vraiment que ça ira…
_T’es un fils de bourge si tu viens t’installer ici. Tes parents travaillent dans quoi ?
_Mon père est ambassadeur et ma mère actrice. Je n’aimais pas le système scolaire russe alors ils m’ont envoyé ici. J’adore la France.
_Mouais, t’es un petit bourgeois quoi… Sinon, t’aimes quoi d’autres après la France ?
_La musique, Vivienne Westwood et le dessin.
_Quoi comme musique ?
_Les Sex Pistols ! J’adore le bassiste, Sid Vicious ! Mais c’est toujours les meilleurs qui partent les premiers…
_T’écoutes du punk avec ta petit frimousse ? Etonnant, je m’attendais à « je suis fan de Lorie ! » ou un truc comme ça…
_Lorie ? »
Leur professeur principal, Mr Morel, un petit homme gros et joufflu, entra dans la classe et demanda le silence. Les présentations se firent et le cours put débuter. Vers dix heures et quart, la sonnerie retentit pour annoncer la récréation. Tous se ruèrent vers la porte pour sortir prendre l’air. Jonathan invita Andréa à se joindre à sa petite bande d’amis pour les présenter et celui-ci accepta avec plaisir.
Dehors, contre leur mur habituel, tout le monde attendait la venue de Jonathan. Ils se figèrent tous quand ils le virent accompagné d’un adolescent à l’allure efféminée.
« Les mecs, je vous présente Andréa qui nous vient directement de Russie, et plus précisément de Moscou. Cool, non ? »
David esquissa un faible sourire et le salua.
« Tu n’as pas trop eu peur de lui ? Jo est le genre de personne à manquer de tact et de délicatesse en toute circonstance…
_Je ne te permets pas de dire des choses qui pourraient me porter préjudice ! s’insurgea vivement le concerné. »
Andréa pouffa de rire.
« Oh non, il a été gentil avec moi. Tu es ?
_David, et voici Amandina et Yukito, mais appelle-le Yuki.
_C’est joli Yuki comme prénom. Enchanté de faire votre connaissance à tous. »
Ils firent tous un signe de tête sauf Yuki qui regarda au loin. C’est à ce moment que deux mains vinrent se poser sur ses yeux et qu’une voix de fille se fit entendre.
« C’est qui ? demanda-t-elle d’un ton joyeux.
_Attends voir… Alicia ?
_Gagné ! »
La fille, brune et à la poitrine imposante, se posta devant lui en décochant un grand sourire.
« Tu m’as manqué pendant ces vacances. Content de me revoir ?
_Mouais…
_Quel enthousiasme ! »
Elle enroula ses bras autour de sa nuque et tenta de l’embrasser, cependant, Yuki tourna la tête et évita son baiser.
« Qu’est-ce qu’il y a ?
_Rien. »
Elle essaya de l’embrasser encore mais il déroula ses bras et en profita pour allumer une cigarette.
« Yuki, qu’est-ce qu’il y a ?
_Je sais pas trop… je me suis rendu compte pendant les vacances que je te trouvais un peu trop collante à mon goût, donc comme tu as tendance à m’user un peu trop, je viens de décider que toi et moi c’était fini.
_Quoi ?!
_Et oui, ce sont les aléas de la vie, t’inquiètes pas, va… Tu trouveras bien un mec qui aimera t’entendre geindre… »
Le visage déformé par la douleur, elle s’en alla en étouffant un sanglot. Andréa regarda d’un air interrogateur Jonathan qui baissa la tête. Yuki regarda au loin et posa son attention sur une jeune fille blonde. Il fit un clin d’œil à David en jetant sa cigarette et se dirigea vers sa nouvelle proie. Andréa les regarda un par un et sourit timidement.
« Pourquoi il l’a quitté ?
_Parce-que c’est un garçon qui se lasse très vite des filles, répondit Amandina. D’ailleurs, il s’est trouvé un nouveau jouet de remplacement. Il fait ça tout le temps…
_Ah… mais pourquoi il est comme ça ?
_Tu es trop curieux, se contenta de dire David. »
Ils regardèrent tous la manœuvre de séduction sur la jolie blonde pour voir comment elle allait réagir. A priori, elle n’était pas du tout insensible au charme de Yuki, ce qui n’étonna personne. Ce dernier tenta même de lui voler un baiser. Elle finit par lui donner son numéro puis il revint vers ses amis, un charmant sourire aux lèvres. Tous le lui rendirent sauf Andréa qui l’observa silencieusement. David ricana légèrement.
« T’es au courant qu’Alicia était notre bassiste ? C’est la jolie blonde de tout à l’heure qui va la remplacer ?
_Allons, allons, pas de panique. On trouvera quelqu’un pour la remplacer.
Amandina fronça les sourcils.
« Vraiment ? Tu n’es qu’un égoïste, Yuki. Qu’est-ce qu’on va faire maintenant ? On est supposé assurer un live le 20 septembre, qu’est-ce que tu vas dire au gérant de la salle ?
_On peut reporter…
_On n’est pas les seuls à jouer, je te signale. Tu n’es qu’un imbécile ! A quand une prochaine opportunité de concert, hein ?
Jo acquiesça.
« Ouais, t’as pas assuré du tout, là… »
Il se tut et regarda Andréa qui était perdu dans ses pensées. Soudain, il se souvint de leur discussion du matin.
« Mais… Andréa, tu m’as pas dit que t’étais bassiste ? »
L’interpellé sortit de sa torpeur d’un coup. Il regarda à droite à gauche pour comprendre ce qui se passait. Jo prit un air enthousiasmé et entoura la nuque d’Andréa d’un geste vif.
« Mais oui ! Tout est arrangé ! En plus, je savais pas me la blairer la grosse Alicia… Les mecs, Andréa, c’est un putain de bassiste ! Il écoute les Sex Pistols et ça fait depuis qu’il a dix ans qu’il joue. Pas mal, non ? »
Yuki leva un sourcil.
« Ah ouais ? Un mouflet avec une tête de fille ? Faut dire qu’ils sont précoces les gamins d’aujourd’hui… »
Andréa sortit de ses gonds.
« Je ne suis pas un mouflet comme tu dis ! J’ai quinze ans et je suis un EXCELLENT bassiste !
_Peut-être mais t’en as pas l’air et t’es pas crédible. Qu’est-ce qu’on fait si on peut pas jouer à cause de toi ? C’est moi qui ai fondé ce groupe, et c’est moi qui décide qui entre et qui en sort.
_Vraiment ? interrompit Amandina. Et si on a pas de bassiste pour le 20, on fait comment ? J’en ai marre de toi, de tes histoires de fesses, et de ta manière de choisir tes bassistes en fonction de leurs mensurations, alors t’es gentil, sois tu mets ta libido de côté et on prend Andréa comme bassiste de session pour nous dépanner le 20, sois je tire ma révérence. C’est toi qui vois… »
Yuki fronça les sourcils et s’en alla. Andréa, gêné, regarda le sol.
« Euh… vous savez… s’il ne veut pas de moi, pas la peine de s’énerver… Je veux pas créer de conflits… Ne pars pas à cause de moi…
_Non, je ne partirai pas. J’ai dit ça pour que t’intègres le groupe. J’en ai marre des amourettes de Yuki au sein du groupe. Ca empire avec le temps et ça ne peut pas durer. Autant prendre une personne pour qui il ne ressent aucune attirance, n’est-ce pas ? Vous êtes tous d’accord, non ? »
Jo acquiesça et David sourit à cette ravissante féministe aux cheveux châtains.
« Tu as raison. Et puis, il ne voudra jamais que tu partes. On ne trouve pas d’aussi bons batteurs que toi dans le coin. »
Les joues d’Amandina s’empourprèrent légèrement et elle détourna la tête.
« Bon, bah c’est bientôt l’heure de rentrer en cours. Il faut y aller, je pense… »
La journée se déroula très simplement et à la fin des cours, Yuki annonça qu’Andréa faisait partie du groupe « Embryo » désormais. Il murmura également quelques excuses sur son comportement avec lui. Ils sortirent du lycée en direction de la station de métro quand une voiture noire s’arrêta devant Yuki. Un bel homme aux longs cheveux blonds et raides, vêtu d’un costume noir en sortit. Il sourit à Yuki.
« Tu viens, Yuki ? »
Tous les regards se portèrent sur l’interpellé. Il acquiesça, adressa un signe de la main à ses amis et monta dans la voiture. L’homme démarra la voiture et ils s’en allèrent. Andréa commença sérieusement à se poser des questions sur l’étrange énergumène qu’était Yuki.
« Qui c’était ?
_Je ne le connais pas, répondit David. J’espère juste que ça ne va pas une fois de plus nuire à Yukito.
_Ce mec est désagréable avec tout le monde et se moque totalement des sentiments des autres…
_Faux, seulement, il n’aime pas les machins à deux pattes, répliqua Jonathan. »
Andréa réfléchit un instant puis courut après les autres qui avaient repris leur route sans lui. Dans le métro, la première à descendre fut Amandina, puis ce fut au tour de David puis d’Andréa et de Jonathan. Ces deux derniers descendirent à la sixième station. Le soleil commençait à se coucher. Jonathan accompagna Andréa jusqu’à son appartement. Entrés à l’intérieur, il posa ses affaires.
« La chance… tu vis seul, loin de tes parents dans un petit appart sympa, sale privilégié… »
Andréa sourit.
« Je sais, beaucoup en rêve, n’est-ce pas ? Mais je te l’ai dit, j’ai des parents très compréhensifs. Au fait, tu ne rentres pas chez toi ? »
Le visage de Jonathan s’assombrit.
« Non… je dors souvent chez des amis.
_Mais c’est la rentrée. Tes parents doivent vouloir savoir comment s’est passé ta journée, non ?
_Ouais, je sais pas… en tous cas je rentrerai pas. Je vais à l’hôtel. »
Il reprit ses affaires mais Andréa le stoppa.
« Allons… ne va pas à l’hôtel alors que tu as un ami qui vit dans le coin, et tout seul en plus… Tu peux dormir ici, si tu veux. Bon, c’est vrai c’est un peu petit mais je t’accueillerai du mieux que je peux, d’accord ? »
Le visage de Jo s’illumina de nouveau.
« Ok. »
L’appartement d’Andréa n’était pas grand, juste assez pour deux personnes. Quand on entrait, on atterrissait directement dans la salle de séjour. D’ailleurs, celle-ci était plus basse que le reste de l’appartement. Pour y accéder ou en sortir, il fallait utiliser les trois marches qui l’entourait. Il y avait un sofa, une table basse et une télé entièrement équipée d’un lecteur DVD, d’un magnétoscope et de la Playstation 2. Sur la droite, une porte donnait sur un couloir où étaient la chambre, la salle de bain et les toilettes. Et sur la gauche, on pouvait apercevoir une entrée menant à la cuisine décorée dans les tons blancs et quelques touches de couleurs chaudes.
Andréa et Jo passèrent la soirée à discuter. Ils s’étaient rapidement découverts des points communs en dehors de leur passion pour la musique. Andréa exécuta quelques notes à la basse mais fut interrompu par les voisins qui voulaient dormir. Ils finirent par aller se coucher dans son lit. Une fois allongés, ils recommencèrent à discuter.
« Dis, Jo, je sais que je suis chiant mais… j’aimerais bien savoir pourquoi Yuki a une attitude aussi désagréable avec les gens. Tu peux me le dire ? Je le garderai pour moi, promis, juré, craché…
_Mouais… je peux te faire confiance, je crois… Bon, en fait, je suis pas vraiment au courant, on reste assez discret sur le sujet. En tous cas, Yuki est vraiment en train de partir en couille. Au début, c’était rien, on séchait les cours de temps en temps, on était collés quand on se faisait capter, mais Yuki a commencé à changer. Moi, je rentre jamais chez moi parce-que, je supporte vraiment pas l’ambiance. Yuki fait pareil maintenant, mais on sait pas pourquoi. Ses parents sont plutôt sympa mais il les supporte pas. Il rentre que pour s’occuper de son chat. On a monté un groupe tous ensemble parce-qu’on s’entend vraiment bien. Au départ, il est redevenu sympa mais, petit à petit, les textes écrits par lui pour nos compositions sont devenus de plus en plus torturés. Il s’est mis à boire et à faire n’importe quoi. Le mec qu’on a vu tout à l’heure, ça doit être son copain. Il nous en a parlé quelques fois. On sait pas grand chose, tu sais… Yuki se confit pas facilement. Amandina, elle le connaît depuis qu’ils sont tout petits. Il paraît que c’est quand il est entré au collège qu’il a commencé à changer. Son année de sixième, ça allait. Il s’habillait bizarre mais travaillait bien en cours pour paraître normal. C’est les années suivantes qu’il s’est transformé. Il a passé une année entière sans aller en cours sauf pour les examens. Et puis on s’est rencontré l’année dernière. »
Ils gardèrent le silence un moment, puis Andréa prit la parole.
« Alors… Yuki… aime les garçons, c’est ça ? »
Jo étouffa un petit rire en entendant la petite voix toute gênée qu’avait employé Andréa.
« Non, pas spécialement. Je pense qu’il est tellement mal dans sa peau qu’il se fiche de savoir avec qui il passe la nuit, du moment qu’il n’est pas seul. Tu répètes pas ce que je t’ai dit, hein ?
_Non, non ! Je suis un peu surpris, mais au moins, je comprends un peu mieux. Mais pourquoi vous l’aidez pas ?
_Il veut pas. Il a un fichu caractère et ne veut pas nous mêler à tout ça. Ca me fait un peu mal parce-que c’est un chouette gars… C’est un peu notre petit frère, surtout pour David. Je pense même qu’il a eu le béguin pour lui un moment.
_David est… ?
_Ouais. Enfin, il aime les deux. Il dit que l’amour n’a rien à voir avec le sexe de la personne. Et sois pas aussi choqué, il te sautera pas dessus !
_Ah, non ! Je te l’ai dit, ça me trouble un peu parce-que je n’ais jamais rencontré des gens comme ça… et puis c’est un sujet tabou en Russie, alors t’entendre parler de ça comme ça, ça me surprend un peu… je ne suis pas habitué. Mais je suis content que tu me le dises.
_T’aimes pas les homos ?
_Non, ça n’a rien à voir. Chacun fait son choix dans la vie. On m’a toujours reproché mon androgynie. Trop beau, trop gracieux, trop pâle, les yeux trop imprégnés du Démon, ah, ce sourire diabolique… Mais je ne me plains pas. J’ai la langue bien plus pendue qu’on ne le pense et un cynisme parfois radical…
_Je vois. On est pareil alors…
_Qu’est-ce que tu veux dire ?
_Moi, on m’a reproché ma ressemblance avec mon géniteur. Enfant adultère… Mais, je veux vivre pour leur montrer à ces sales chiens que je vaux plus qu’il ne le pense. Je ne suis pas une petite lopette, un jour, je leur ferai payer le mal qu’ils m’ont fait, ça tu peux me croire… »
Andréa le considéra un instant dans la lumière de la lune. Il crut voir une larme rouler mais ne dit rien, se contentant de lui déposer un baiser sur la joue. Jo se releva d’un bond.
« Eh ! Je suis pas homo, moi ! »
Andréa pouffa de rire.
« Moi non plus. Seulement, je ne savais pas quoi te dire pour te réconforter alors j’ai fait comme les filles. Non, ça n’avait rien d’ambiguë, rassure-toi.
_Oh… ok. Mais j’ai pas besoin que t’ais pitié.
_Oui, oui. T’es un mec, pas une lopette.
_Tu te moques de moi, là ?
_Absolument pas, Mr je suis viril et je pue la sueur…
_Eh ! Si, tu te moques là ! »
Andréa éclata de rire ce qui irrita Jo. Il fondit sur lui et l’assaillit de chatouilles. Le rire d’Andréa doubla d’intensité puis ils finirent par chahuter gentiment. Après une petite bataille de polochons immature, ils s’allongèrent à nouveau. Jo prit conscience de ce qu’il venait de faire.
« Attends… je t’ai chatouillé et on a fait une bataille de polochons, là ?
_Ouais, Mr l’homme viril… »
Jo le pinça, ce qui lui arracha un petit cri, et posa un doigt sur son petit nez parsemé de tâches de rousseur.
« Tu sais quoi, petit con ? Je t’aime bien.
_Ah ?
_Mouais, t’as une sale tête de fille mais tu mets les gens de bonne humeur. Enfin bon, là je suis fatigué et je veux dormir, alors tu dépasses pas la ligne du milieu.
_Il est à qui ce lit ? »
Ils se sourirent et Jo se rallongea, tournant le dos à Andréa.
« Bonne nuit, Mr le viril.
_Bonne nuit, la sale tête de fille. »
Ils s‘endormirent le sourire aux lèvres. Même s’il paraissait toujours joyeux, Jo n’était pas le genre de personne à faire confiance rapidement. Ce mec, il sait apaiser le cœur des gens… Ce serait bien, quelqu’un comme ça pour Yuki…

suite...

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